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Le peuplement de la vallée de l’Eichel pendant l’Antiquité

Notice de la carte

La vallée de l’Eichel, et plus globalement le reste de l’Alsace Bossue, est un des rares espaces en Alsace qui a bénéficié de prospections pédestres systématiques qui ont porté sur la quasi-totalité des parcelles accessibles. Les informations récoltées (localisation, identification et datation des sites) fournissent ainsi une très bonne image du peuplement antique et de son évolution de la fin de la période laténienne à l’Antiquité tardive. Il est possible d’analyser, dans l’état actuel de nos connaissances chronologiques, sa dynamique et sa structuration spatiale, siècle par siècle. Mais une étude temporelle plus fine est à envisager dans l’avenir grâce à une amélioration des datations.

Pendant le Ier siècle avant notre ère, le peuplement semble très diffus. Mais cette situation peut être due à un problème de reconnaissance des vestiges de cette période (architecture en matière périssable et céramique difficilement reconnaissable en prospection…). Pendant cette période, les établissements se placent majoritairement à mi-pente et à proximité des cours d’eau. Ces habitats d’époque laténienne, sont très importants dans la constitution de l’espace antique puisqu’à partir du milieu du Ier siècle ap. J.-C., ils vont donner naissances aux établissement les plus importants et les plus pérennes pendant les siècles qui suivent.

Au Ier siècle ap. J.-C., le tissu d’établissement se densifie progressivement. Les nouveaux habitats occupent des espaces et des contextes géographiques peu exploités au cours du siècle précédent. Les premières constructions maçonnées apparaissent et les types d’habitats se diversifient. Ce siècle est aussi marqué par l’apparition d’un élément important dans le système de peuplement : l’agglomération antique de Sarre-Union. Cet établissement va durablement polariser un certain nombre d’habitats isolé à sa périphérie.

Au cours du IIe et IIIe siècle, le peuplement antique atteint son apogée. L’espace est densément occupé et exploité par endroit. Le peuplement se compose de nombreux établissements aux statuts hiérarchiques variés. Il semble que les habitats les plus importants (les villae) polarisent à leur périphérie des établissements de taille plus modestes qui s’installent postérieurement aux premiers.

Pendant le siècle suivant, au IVe siècle, le tissu d’habitat s’éclairci progressivement. Ce sont majoritairement les établissements les plus modestes qui sont abandonnés. Si cette dynamique peut être perçue comme une baisse de la population, elle peut aussi être interprétée comme une restructuration du système de peuplement qui se dirige progressivement vers un autre modèle d’exploitation de l’espace.

Enfin, pendant le Ve siècle, à l’extrême fin de l’Antiquité, seuls deux établissements isolés semblent encore occuper le territoire. L’agglomération de Sarre-Union pourrait également subsister pendant cette période, mais cela n’est pas certain - les éléments sont trop ténus pour pouvoir l’affirmer avec certitude. L’espace paraît ainsi quasiment abandonné. Toutefois, cette vision est à nuancer. Comme pour la période laténienne, les vestiges des établissements de cette période sont difficiles à détecter et nos connaissances céramologiques pour ce siècle sont encore trop peu avancées. Néanmoins, l’adoption récente de méthodes de fouilles et de prospections fines permettent progressivement de détecter années après années de nouveaux habitats appartenant à ce siècle.

En définitive, il faut retenir trois points importants. Tout d’abord, la dynamique du peuplement antique de la vallée de l’Eichel s’apparente, dans les grandes lignes, aux évolutions que connaissent la plus part des autres micro-régions du nord-est de la Gaule. Ensuite, la capacité de certains établissements à perdurer et à « attirer » de nouveaux habitats à leurs alentours est remarquable : cela traduit d’une importante stabilité de l’habitat pendant une grande partie de l’Antiquité. Enfin, il faut retenir que la trajectoire du peuplement présentée ici n’est pas fixe, et que, comme cela a été exposé, elle est susceptible d’évoluer et de s’affiner grâce aux nouvelles découvertes et à l’amélioration des méthodes d’investigation.

Source

NÜSSLEIN Antonin, Les formes du paysage entre Sarre, Eichel et Isch à l'époque romaine, mémoire de master, Université de Strasbourg, 2012.

Bibliographie

  • LEFRANC Philipe, Le peuplement gallo-romain de la vallée de l'Eichel, Rapport de prospection thématique, programme H11, Société pour la Recherche Archéologique en Alsace Bossue, Service Régional de l’Archéologie Alsace, 1996.
  • THOMANN Emmanuelle / NÜSSLEIN Paul, Occupation de la frange orientale du territoire médiomatrique de la conquête au IVe siècle, rapport de prospection thématique 2001 : les cantons de Sarre-Union et Drulingen, Société pour la Recherche Archéologique en Alsace Bossue, Service Régional de l’Archéologie Alsace, 2000.
  • NÜSSLEIN Paul / PETIT Jean-Paul, La vallée de la Sarre et de la Blies dans l’Antiquité : De Sarre-Union à Schwarzenacker et Sarrebruck, en passant par Bliesbruck-Reinheim, in Les cahiers Lorrains, n°2, 2010, p. 6 à 21.
  • NÜSSLEIN Antonin, Les formes du paysage entre Sarre, Eichel et Isch à l'époque romaine, mémoire de master, Université de Strasbourg, 2012.
  • NÜSSLEIN Antonin, L'Alsace Bossue à l'époque romaine : recherches anciennes et nouvelles connaissances, in Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Saverne et Environs., n°244, 2013, p. 23 à 46.

 

Antonin Nüsslein, 2014