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La diffusion du culte de saint Georges en Alsace et dans le Rhin supérieur au Moyen Âge

Caractéristiques

Auteur et institut Thomas Brunner, Université de Strasbourg (ARCHE)
Périodes Moyen Âge
Thèmes Cultes
CartographeBenjamin Furst, UHA (CRESAT)
EchelleOberrhein/Fossé rhénan
ProjectionETRS89 / LCC Europe (EPSG 3034)
Date de création2017
Date de dernière modification2017
SourceCarte originale
Comment citer cette sourceThomas Brunner, « La diffusion du culte de saint Georges en Alsace et dans le Rhin supérieur au Moyen Âge », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2017

Notice de la carte

Tenter d’appréhender un phénomène spirituel et culturel comme la dévotion particulière envers un saint au Moyen Âge n’est pas chose aisée. Les mentions explicites d’un culte étant extrêmement rares, il faut réunir les indices les plus variés comme les vocables paroissiaux − malheureusement souvent documentés tardivement − ou les traces iconographiques des représentations du saint étudié. En raison de l’importance qu’il a eu dans la tradition occidentale, le cas de saint Georges a fait l’objet de nombreux travaux et il est possible de reconstituer les grandes phases de la diffusion de son culte dans le Rhin supérieur, même si on doit garder à l’esprit qu’en raison de la documentation utilisée, la présente carte est centrée sur l’Alsace et comporte des lacunes pour les régions voisines.

Originaire d’Orient où un martyr de ce nom fut vénéré dès le IVe siècle à Lydda (Lod, Israël), le culte de saint Georges est attesté au VIe siècle dans le royaume mérovingien et notamment dans l’espace germanique, comme le montre la consécration d’une basilique à Mayence en 570. En 712, l’énigmatique villa Teurino, située dans la vallée de l’Isch en Alsace bossue, possédait également une basilica qui lui était dédiée. Peut-être peut-on aussi reconnaître Georges dans le saint cavalier d’une agrafe strasbourgeoise du VIIe siècle, même si alors, c’est l’image de champion des martyrs qui lui est attachée.

La période carolingienne paraît marquer au mieux une stagnation, au pire un recul de la ferveur envers un saint très ou trop en vogue sous la dynastie précédente. En tout cas, il n’apparaît pas dans la documentation régionale.

Un renouveau du culte se fait jour à la fin du IXe siècle. Dès lors, la vénération dont il est l’objet ne faiblira plus au cours du Moyen Âge. Le point de départ de cette renaissance fut la réception de reliques envoyées par le pape à l’abbé de la Reichenau en 896. Le diocèse de Constance, et plus précisément les alentours occidentaux du lac, furent le foyer de ce renouveau dans le sud-ouest de l’espace germanique. Ce mouvement toutefois a pu puiser à des racines plus anciennes puisqu’au VIIIe siècle, on trouvait déjà une cella monastique vers Hoppetenzell (district de Fribourg-en-Brisgau). Une dizaine de textes liturgiques latins évoquant le martyre du saint furent ainsi écrits aux Xe et XIe siècles dans des abbayes du Hochrhein, tandis que circulait dans la même région le Georgslied, un poème vernaculaire relatant la passion du saint qui avait sans doute été composée à Prüm. Le récit du martyre touchait par conséquent un public plus large que celui des seuls moines.

Vers cette même époque, l’intensification du culte se note dans le diocèse de Strasbourg par la présence de reliques du saint (à Altorf et à Bürgheim bei Lahr) et par les chapelles qui lui sont dédiées à Kehl puis aux siècles suivants, à Laubenheim et à Strasbourg. Les églises paroissiales l’ayant pour patron se font plus nombreuses, à commencer par celle de Haguenau en 1143, même si pour la plupart, elles ne sont mentionnées dans les textes qu’à partir du XIVe siècle. On sait toutefois qu’au XIIIe siècle avait été sculptée sur le tympan de l’église romane (aujourd’hui disparue) de Molsheim une représentation du martyre du saint sur la roue. Constatant la présence de la même scène sur le sceau de la ville, M. Barth a avancé que Molsheim avait été l’un des foyers de diffusion du culte en Alsace. C’est envisageable, d’autant qu’on pourra noter la forte concentration d’églises Saint-Georges depuis le Kochersberg jusqu’aux environs de Strasbourg. L. Pfleger pensait d’ailleurs que les évêques strasbourgeois avaient favorisé le culte de ce saint dans leurs possessions : ainsi en Alsace moyenne, l’église d’Epfig, dédiée à Georges depuis au moins 1330, l’était encore à la Vierge à l’époque carolingienne.

À la fin de la période médiévale, l’implantation du culte s’ancra encore davantage dans la région. Certaines églises mentionnées après la grande peste de 1348-1349 avaient pu lui être vouées auparavant, nous les avons cependant distinguées des autres sur la carte, car à partir de la seconde moitié du XIVe siècle, saint Georges fit l’objet d’une dévotion particulière dans le sud du Saint Empire. Le saint, désormais essentiellement représenté sous la forme d’un cavalier sauroctone, c’est-à-dire tueur de dragon, fut en effet considéré comme le grand auxiliateur (der grosse Nothelfer). On l’avait placé à ce titre à la tête d’une association de quatorze saints chargée de protéger les fidèles des maux d’un monde touché de façon récurrente par la guerre et les épidémies.

Bibliographie

  • BARTH Médard, « Handbuch der elsässischen Kirchen im Mittelalter », Archives de l’Église d’Alsace, 11, 1960, 12, 1961, 13-14, 1962-1963. 
  • BRUNNER Thomas « Le martyre de saint Georges sur la roue : le sceau médiéval de Molsheim mis en perspective », Revue d’Alsace, 144, 2018 (à paraître).
  • DORSCH Klaus J., Georgszyklen des Mittelalters. Ikonographische Studie zu mehrszenigen Darstellungen der Vita des hl. Georg in der abendländischen Kunst unter Einbeziehung von Einzelszenen des Martyriums, Frankfurt a. M./Bern/New York, 1983.
  • FRITZ Georges, « Autour de Saint Georges », Archives de l’Église d’Alsace, 2, 1947-1948, p. 1-12.
  • Haubrichs Wolfgang, Georgslied und Georgslegende im frühen Mittelalter. Text und Rekonstruktion, Königstein, 1979.
  • PFLEGER Lucien, « Der grosse Nothelfer Sankt Georg », Elsassland Lothringer Heimat, 14, 1934, p. 65-69.

Thomas Brunner, 2017

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