icon_facebookicon_google-plusicon_pinteresticon_twitterlogo_ukoo

La libération de l'Alsace (1944-1945)

Caractéristiques

Auteur et institut Nicolas Stoskopf, UHA (CRESAT)
Périodes Époque contemporaine
Thèmes Conflits armés
CartographeJean-Philippe Droux, CNRS (ARCHIMEDE)
EchelleAlsace
Date de création2014
Date de dernière modification2015
SourceCarte originale
Comment citer cette sourceNicolas Stoskopf, « La libération de l'Alsace (1944-1945) », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2015

Notice de la carte

La libération de l’Alsace (1944-1945)

1. Les combats de novembre-décembre 1944

Au sud, la 1ère Armée française, commandée par le général de Lattre de Tassigny, fait face à la 19e Armée allemande du général Wiese, basé à Guebwiller. En septembre-octobre, la progression sur le front des Vosges est limitée tandis que le brouillard et les intempéries clouent l’aviation au sol et que la 7e Armée du général Patch se déporte vers le nord. Mais le 14 novembre, une puissante offensive est lancée dans la trouée de Belfort : si Belfort offre une sérieuse résistance jusqu’au 25, les chars de la 1ère DB, relevant du 1er Corps d’armée du général Béthouart, foncent le long de la frontière suisse, libèrent le 19 novembre un premier village alsacien, Seppois-le-Bas, et atteignent dans la soirée Rosenau sur le Rhin ; le lendemain, ils remontent vers le nord, arrivent dans les faubourgs de Mulhouse et pénètrent dans la ville le 21. Après cette brillante charge motorisée, s’ouvre une période plus incertaine : d’une part, les combats se poursuivent dans et autour de Mulhouse, d’autre part les Allemands, retranchés autour de Dannemarie, contre-attaquent vers le sud, atteignent la frontière suisse et coupent à plusieurs reprises les liaisons du 1er Corps d’armée. De Lattre ordonne alors de de refermer les branches du U, dessiné par le front, et de le transformer en un O (« manœuvre des voyelles » ou de Burnhaupt) : la jonction entre 1er et 2e Corps d’armée, qui intervient finalement à Soppe-le-Bas le 28 novembre, permet de réduire la poche de Dannemarie, mais sans empêcher les troupes allemandes de s’échapper par le nord. Le 30, de Lattre, constatant l’épuisement de ses troupes, renonce alors à poursuivre vers Colmar et ordonne la mise en place d’un dispositif défensif le long de la Doller. Le 1er décembre, c’est au tour d’Huningue d’être libéré. 

Au nord, la 7e Armée américaine, à laquelle est rattachée la 2e DB du général Leclerc, passe à l’offensive le 13 novembre et réalise la percée à Badonviller le 17. La 2e DB l’exploite en empruntant quatre axes de pénétration à travers les Vosges de façon à prendre Saverne et Phalsbourg à revers (20-22 novembre). De là, Leclerc obtient des Américains l’autorisation de foncer sur Strasbourg. Des quatre colonnes qui s’élancent le 23, c’est celle de Rouvillois, la plus au nord, qui entre la première à Strasbourg et peut transmettre à 10 h 30 le fameux message « Tissu est dans iode », ce qui signifie « Rouvillois est dans Strasbourg ». A 14 h, le drapeau tricolore flotte sur la cathédrale.

Au centre, le 6e Corps d’armée américain procède au nettoyage systématique de cette partie des Vosges que les forces allemandes ne cherchent plus à défendre. En revanche, la défense se durcit dans la plaine : Sélestat résiste jusqu’au 2 décembre, Ribeauvillé jusqu’au 3, Mutzig jusqu’au 5. Les forces allemandes se ressaisissent en effet en décembre, sous le commandement personnel d’Heinrich Himmler qui entend défendre coûte que coûte  la « poche de Colmar ». Les combats sont acharnés et n’aboutissent qu’à des progressions limitées pour les alliés : si l’offensive permet de reprendre Thann le 10 décembre, elle est stoppée devant Cernay ; au nord les Américains et la 2e DB ne peuvent aller plus loin que Sélestat ; l’effort principal porte sur la zone comprise entre le col du Bonhomme et Sigolsheim : Orbey est pris le 16 décembre, Kientzheim le 17, Kaysersberg le 18, Ammerschwihr le 19, mais les Allemands restent retranchés dans Sigolsheim en ruine. Le 22 décembre, l’offensive est stoppée. Comme le reconnaît de Lattre, les résultats de ces opérations de décembre sont « disproportionnés avec l’effort ». La première bataille de Colmar se solde donc par un échec. 

Heureusement pour les alliés, les Américains rencontrent davantage de succès au nord. L’Alsace bossue est dans le secteur de la 3e Armée américaine dont l’objectif est la Sarre : si elle progresse difficilement depuis le 24 novembre, elle libère Sarre-Union le 3 décembre et les villages les plus septentrionaux le 5. Quant aux troupes du 15e Corps d’armée, elles se déploient dans la vallée de la Moder, libèrent Haguenau le 11 décembre et repoussent les Allemands au-delà de la Lauter le 16. Mais ce jour est aussi celui du déclenchement de la redoutable contre-offensive allemande dans les Ardennes qui conduit les alliés à réviser leur dispositif. 

2. La contre-offensive allemande de janvier 1945

Craignant que les troupes américaines avancées en Alsace ne soient coupées de leur arrière, Eisenhower ordonne le 28 décembre leur repli sur les Vosges. Mais de Gaulle intervient énergiquement : il obtient que la défense de Strasbourg soit confiée aux troupes françaises et que la retraite américaine soit limitée. 

La Wehrmacht déclenche l’opération Nordwind dans le secteur de Bitche le 31 décembre 1944 à 23 h. Elle parvient le 4 janvier à Wingen-sur-Moder avant de s’en retirer après trois jours de combat. Le 5 janvier, une division allemande franchit le Rhin à Gambsheim et établit une tête de pont entre Kilstett et Drusenheim. Dans l’Outre-forêt, les Américains se sont repliés depuis le début janvier, mais ils bloquent l’avancée allemande à Hatten et Rittershoffen, au nord de la forêt de Haguenau, à partir du 7. Ce même jour, au sud de Strasbourg, une nouvelle offensive allemande est lancée en direction d’Erstein, mais les troupes françaises réussissent du 7 au 12 à défendre le front de l’Ill et à bloquer la percée vers le nord à Krafft. Le 20 janvier, après 13 jours de combats qui font plus de 3 000 morts, les Américains décrochent à Hatten et Rittershoffen et se replient derrière la Moder. Sur ce front nord, la Wehrmacht progresse encore quelque peu jusqu’au 25 en direction d’Ingwiller et de Pfaffenhoffen sans les atteindre. Depuis le 20 janvier néanmoins, ils doivent faire face aux assauts des alliés dans la poche de Colmar. 

3. Les ultimes combats de la Libération de janvier à mars 1945

La réduction de la poche de Colmar (20 janvier-9 février 1945)

Le 20 janvier, de Lattre donne l’ordre au 1er Corps d’armée de déclencher l’offensive au sud en direction de Cernay et Ensisheim, mais les objectifs ne sont atteints que le 3 février après de durs combats dans le bassin potassique. Depuis le 22 janvier en revanche, le 2e Corps d’armée, épaulé par des divisions américaines, elles-mêmes renforcées à compter du 25 par le 21e Corps d’armée américain, avance au nord en direction de Neuf-Brisach.  Le 2 février, Colmar est libéré par le nord, les Américains laissant aux chars français l’honneur d’entrer les premiers dans la ville. C’est le véritable début de l’effondrement allemand en Alsace. Du 3 au 5 février, les unités allemandes défendant encore les Vosges sont réduites et la jonction entre les troupes alliées venues du nord et du sud peut être enfin réalisée à Rouffach. Le 6, les Américains pénètrent dans Neuf-Brisach, puis foncent vers le sud pour réaliser la jonction sur le Rhin avec les troupes françaises le 8 à Fessenheim. Le 9, les dernières troupes allemandes font sauter le pont de Chalampé. La bataille de la poche de Colmar est terminée. 

La libération du nord de l’Alsace (15-19 mars 1945)

Des combats sporadiques continuent à se dérouler sur le front nord en février 1945. Une offensive américaine dans la première quinzaine de février vient à bout de la tête de pont de Gambsheim et repousse le front devant Drusenheim. Mais il faut attendre le 15 mars pour que les Américains lancent l’offensive finale sur tout le front de la Sarre au Rhin. En quatre jours, la Lauter est atteinte. Le 19 mars, l’Alsace est entièrement libérée. 

Bibliographie :

  • Fernand L’Huillier, Libération de l’Alsace, Paris, Hachette, 1975
  • Philippe Dollinger et Henri Nonn, L’Alsace actuelle, 1939-1977, in Francis Rapp, L’histoire de l’Alsace, t. VIII, Wettolsheim, Mars et Mercure, 1978
  • Philippe Dollinger (dir.), L’Alsace de 1900 à nos jours, Toulouse, Privat, 1979
  • Georges Bernage (dir.), Bataille d’Alsace, 1944-1945, Bayeux, Heimdal, 1992
  • Sarre-Union 1944-1994 Libération, Musée régional de l’Alsace bossue, 1994.
  • Édouard  Boeglin, La libération de l’Alsace jour après jour, 19 novembre 1944-20 mars 1945, Mulhouse, L’Alsace-Le Pays, 1995
  • Novembre 2009-février 2010, 65ème anniversaire de la libération, Muhlbach, Association Rhin et Danube du Haut-Rhin, 2010.

Fichier à télécharger