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Les élections présidentielles de 2012 en Alsace

Caractéristiques

Auteur et institut Richard Kleinschmager
Périodes Époque contemporaine
Thèmes Élections et partis politiques
CartographeJean-Philippe Droux, CNRS (ARCHIMEDE)
EchelleAlsace
Date de création2012
Date de dernière modification2012
SourceCarte originale
Comment citer cette sourceRichard Kleinschmager, « Les élections présidentielles de 2012 en Alsace », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2012

Notice de la carte

Élections présidentielles 2012 en Alsace

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 1er tour Nicolas SARKOZY

La carte du vote pour Nicolas Sarkozy au premier tour corrobore la tradition des scores majeurs de la droite aux extrémités méridionales et septentrionales de la région où les rivalités entre centrisme et gaullisme ont longtemps animé les joutes électorales. Dans ces deux zones, la rivalité a souvent tourné au bénéfice des gaullistes dont les figures de François Grussenmeyer, député de Wissembourg de 1958 à 1993 ou Pierre Weisenhorn, député d’Altkirch de 1971 à 1988 ont été emblématiques. Les cantons de Wissembourg, Lauterbourg et Seltz au nord, ceux de Hirsingue, Ferrette, Huningue et Sierentz au sud ont enregistré des résultats qui voisinent les 40% des suffrages pour Nicolas Sarkozy. Au cœur du Sundgau, le canton de Ferrette avec 44,4% des suffrages donne son meilleur score cantonal au président sortant devant celui de Lauterbourg avec 42%. La carte fait également ressortir une vaste couronne péri-strasbourgeoise prenant en écharpe la ville de Strasbourg de Brumath à Obernai, zone des villages de lotissement et de l’habitat pavillonnaire greffés sur de vieux cœurs de village et maillée par un réseau dense de petites villes. Dans cette couronne, le canton de Truchtersheim où Nicolas Sarkozy a obtenu 41,3% des suffrages fait figure de leader de ce vote. Les caractéristiques socio-économiques soulignent l’embourgeoisement de ce canton devenu l’un des plus riches de la région puisque l’ISF y est payé par 12% des foyers contre 3% en moyenne régionale. Au-delà de ce canton, tous les autres, Brumath, Hochfelden, Wasselonne, Mundolsheim, Geispolsheim, Obernai, Rosheim et dans une moindre mesure Molsheim et Erstein participent de ce phénomène difficile à identifier mais de plus en plus marquant de la « périurbanisation » qui déstructure les anciens rapports ville-campagne. Dans ces zones , ni vraie ville, ni vraie campagne où vivent 30 à 40% de la population française, majoritairement des classes moyennes, s’inventent de nouveaux modes de vie dominés par l’habitat pavillonnaire, l’importance quotidienne des transports pour les trajets domicile-travail, une sociabilité singulière de lotissement qui n’est pas sans résonnances autarciques et corrélativement une certaine distance vis à vis des formes traditionnelles de la vie villageoise, y compris sur le plan politique. Certains auteurs y ont repéré les croissances nouvelles des votes extrémistes de droite comme de gauche, le pavillon apparaissant comme lieu de refuge et de repli devant les menaces extérieures. Ce schéma ne correspond pas à la situation alsacienne et en particulier péri-strasbourgeoise : ces zones sont résolument sarkozystes et non lepénistes. Si on prend les deux zones contigües du canton 6 de Strasbourg Hautepierre-Cronenbourg et du canton de Mundolsheim, on observe que Nicolas Sarkozy obtient 19,3% des suffrages dans le premier et 38,1% dans le second soit pas loin du simple au double. À l’inverse François Hollande obtient 41,1% des voix dans le premier et 19,4% dans le second, du simple au double également. L’hétérogénéité socio-économique et urbanistique des deux cantons est extrême et souligne ce qui pourrait apparaître comme une opposition frontale des zones de banlieues et des zones péri-urbaines. Cette géographie politique semble singulière mais rejoint les constats anciens du déplacement à droite des électeurs des zones d’habitation individuelle  avec accession à la propriété de ménages venant des villes, attirés par ces zones encore accessibles du point de vue du prix de l’immobilier. Dans l’Alsace centrale, le canton de Kaysersberg offre son meilleur score haut-rhinois (37,04%) à Nicolas Sarkozy avec des communes viticoles qui dépassent les 40% comme Zellenberg (46,9%), Niedermorschwihr (44,7%), Bennwihr (42,2%), Katzenthal (41,4%) ou Riquewihr (41,3%). Par contraste, les zones de moindre vote en faveur de Nicolas Sarkozy sont celles des villes de Mulhouse et Strasbourg. Au sein de celles-ci le niveau socio-économique est discriminant. Quartier nord-ouest à Strasbourg, canton sud de Mulhouse sont des zones de richesse où le vote sarkozyste est majoré. La géographie du vote sarkozyste de 2012 rappelle les concentrations traditionnelles aux extrémités nord et sud de la région, du vote en faveur des droites parlementaires et fait ressortir plus nettement que lors d’autres scrutins une adhésion majorée dans les zones péri-urbaines strasbourgeoises.

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 1er tour Marine LE PEN

Si aux origines, au milieu des années 1980 quand il apparaît, l’implantation du vote Front National est strictement mulhousienne et strasbourgeoise, dès 1988 la cartographie du vote lepéniste fait assez nettement apparaître plusieurs zones de concentration d’un vote rural : dans le Bas-Rhin, le vignoble de Dambach-la-Ville à Obernai, une vaste zone intermédiaire au nord-ouest de l’agglomération strasbourgeoise, du début de la vallée de la Bruche aux Basses-Vosges près de Niederbronn, et enfin une troisième zone, l’Alsace Bossue. Dans le Haut-Rhin, une accentuation radioconcentrique de vote autour de Mulhouse est clairement perceptible avec un prolongement jusqu’à Saint-Louis et la frontière helvétique à l’est, et vers la vallée de Saint-Amarin à travers les cantons très industriels de Cernay et de Thann, à l’ouest.

À première vue, les zones du plus fort pourcentage de voix lepénistes de 2012 paraissent davantage caractériser les périphéries de la région, comme si les centres urbains de Strasbourg et Mulhouse les avaient aujourd’hui refoulées. Au tournant du siècle, le canton 10 de Strasbourg Neuhof-Stockfeld et le canton nord de Mulhouse étaient emblématiques de l’implantation du FN dans des zones urbaines peuplées de grands ensembles et de populations touchées par le chômage avec des taux d’ouvriers élevés. Aujourd’hui en 2012, le vote lepéniste dessine deux bandeaux transversaux, au nord, de Sarre-Union à Bischwiller, au sud, en diagonale de Neuf-Brisach à Dannemarie, et dispose de points d’appui en fonds de vallées vosgiennes, les cantons de Schirmeck et Saales, celui de Sainte-Marie-aux Mines, celui de Saint-Amarin. Les trois cantons du plus fort vote sont en 2012 ceux de Sarre-Union (31,5%), Niederbronn-les-Bains  (30,8%) et Drulingen (30,45%). Dans le Haut-Rhin, seul le canton de Saint-Amarin (30,2%) dépasse les 30% de voix en faveur de Marine Le Pen. Les différences avec 1988 tiennent surtout à l’atténuation de l’influence dans le vignoble bas-rhinois et à son accentuation dans la Haute-Vallée de la Bruche. En 1995 le canton de Barr apportait 26,4 % de ses suffrages à Jean-Marie Le Pen et celui d’Obernai 29,2%. Ils ont voté respectivement à 20,4% et 23,4% en faveur de Marine Le Pen en 2012. En 1995 encore, les pourcentages de vote les plus élevés en faveur de Jean-Marie Le Pen étaient enregistrés dans les cantons de Niederbronn-les-Bains (32,4%), Bischwiller (32,4%)  Bouxwiller (32,2%), Sarre-Union (32%), la Petite-Pierre (31,2%) mais le record absolu du vote lepéniste appartenait au canton 10 de Strasbourg (Neuhof-Stockfeld) avec 33,8% des suffrages exprimés. Pas moins de la moitié des cantons strasbourgeois Cronenbourg-Hautepierre (27,1%), Meinau (20,5%), Neudorf (21,6%), Koenigshoffen-Elsau (27,4%), et Neuhof-Stockfeld (33 ,8%) avaient voté à plus de 20% en faveur du leader du FN. La véritable différence avec cette période réside sans nul doute dans cette progressive érosion du vote FN dans ces zones urbaines. En 2012, le canton 10 Neuhof-Stockfeld reste le canton du plus fort vote lepéniste strasbourgeois mais avec 19,9% seulement et dans les autres cantons de Neudorf (13,2%), Cronenbourg-Hautepierre (13,2%) Koenigshoffen-Elsau (16,7%) et Meinau (13,1%), les scores de marine Le Pen sont très en deça de ceux de son père à l’époque, ce qui n’est pas le cas des cantons lepénistes du nord de la région. En 1995, la somme des voix lepenistes des dix cantons strasbourgeois étaient de 21 657 votes soit 16,6% des 130 548 suffrages bas-rhinois pour Jean-Marie Le Pen. En 2012, ces mêmes cantons ont enregistré 12 635 voix pour Marine Le Pen soit 10,2% des 124 264 suffrages du département pour la nouvelle présidente du FN. Sur la ville de Mulhouse, les résultats de Marine dans le fief lepéniste du canton nord ont connu une érosion similaire à celle enregistrée à Strasbourg : avec 20,5% des suffrages elle dépasse le médiocre résultat de son père en 2007 (16,4%) mais reste éloignée des résultats de 2002 (24,7%) et de ceux des années fastes, 1988 (29,9%) et surtout 1995 (32,3%). 

Par ailleurs, le vote du bloc des cantons ruraux  lepénistes du nord de la région se distingue de celui des cantons lepénistes des fonds de vallées vosgiennes en 2012. De Sarre-Union à Bischwiller, tous les cantons enregistrent des scores à la fois élevés pour Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen et dans aucun d’entre eux cette dernière ne devance le président sortant. Dans ces cantons très marqués à droite, nombre d’électeurs expriment avec une certaine permanence une adhésion au vote lepéniste, dans un contexte de fort enracinement global à droite. Au contraire, dans les quatre cantons de fonds de vallées vosgiennes, tous marqués par des déstructurations industrielles importantes sans relais significatifs dans des activités de service et la présence de certaines formes de paupérisation, le vote pour Marine Le Pen l’emporte constamment  et nettement en pourcentage sur celui pour Nicolas Sarkozy. Dans le même temps, François Hollande et Jean-Luc Mélenchon y réalisent des scores relativement élevés, très supérieurs à ceux des cantons lepénistes du nord de la région. François Hollande obtient 22% des votes à Schirmeck, 19,9% à Saales et 21,1% à Sainte-Marie-aux-Mines tandis que son score tombe à 10,7% à Seltz, 11,7% à Sarre-Union ou 11,9% à Drulingen. Ces élections de 2012 amorcent une certaine recomposition géographique du vote lepéniste en Alsace. Sa présence s’atténue dans les zones urbains centrales et confirme son implantation dans les zones périphériques de la région, qu’il s’incarne comme une radicalisation de l’enracinement idéologique à droite comme dans les cantons du nord-ouest de la région ou qu’il s’inscrive dans des cantons de déprise économique et sociale marquée, comme les cantons des fonds de vallées vosgiennes.

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 1er tour François BAYROU

Le vote en faveur de François Bayrou en 2012 a été marqué par un net retrait de son influence puisque dans le Bas-Rhin, son électorat est passé de 131 484 suffrages en 2007 à 69 940 en 2012, et dans le Haut-Rhin de 82 855 suffrages à 46 175 soit une baisse de prés de moitié, légèrement plus marquée dans le Bas-Rhin (- 48%) que dans le Haut-Rhin (- 44,3%). La carte de ce vote en 2012 souligne globalement une meilleure implantation dans le nord et le centre de la région que dans le sud. Dans le nord son influence s’est réduite en zone strasbourgeoise notamment – 24 382 suffrages en 2007, 11 096 en 2012 dans la ville de Strasbourg-  mais reste plus marquée dans les cantons au nord-ouest de Strasbourg, de Wissembourg (13,4% en 2012) à Rosheim (13,8%), à l’exclusion des cantons d’Alsace Bossue (canton de Sarre-Union, 10,8%). Une deuxième zone d’influence est constituée autour du vignoble bas-rhinois et une troisième autour du vignoble haut-rhinois, de Ribeauvillé à Wintzenheim.  Dans le reste du Haut-Rhin, l’influence de Bayrou s’accentue sur Dannemarie (13%) et Altkirch (13,3%). Sur Mulhouse, le canton de Mulhouse-Sud (11,7%) ressort avec un score légèrement supérieur à celui des autres cantons mulhousiens de même qu’à Strasbourg, les cantons bourgeois du centre, quartier des XV-Orangerie (12%) et Robertsau (12,3%) en particulier. Avec des nuances, la géographie du vote Bayrou a accentué ses proximités avec le vote Sarkozy par rapport à d’autres scrutins où la différence nord-sud dans le vote centriste était plus marquée. Les zones de moindre influence sont particulièrement similaires. Peut-être fait-il y voir l’effet d’estompage du clivage centriste/gaullliste depuis la création de l’UMP par Jacques Chirac en novembre 2002. 

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 1er tour Eva JOLY

Le vote écologiste pour Eva Joly dessine une carte qui est singulière, en particulier par rapport au vote socialiste pour François Hollande avec lequel EELV a signé un accord électoral en novembre 2011. La caractéristique du vote écologiste en Alsace est  de détenir des points d’appui dans des zones où l’implantation de la gauche comme de la droite peut être forte. C’est ainsi que fortement implantés sur Strasbourg (4,2% des suffrages contre 2,7% en moyenne régionale), les écologistes sont particulièrement présents dans  les cantons de la Gare (7,3%), du Centre-Ville (5,3%) et de l’Esplanade-Krutenau (5,3%) où le PS est électoralement influent mais aussi dans des cantons de forte implantation de la droite comme ceux de la Robertsau (3,6%) ou du Conseil des XV-Orangerie (5%). De même sur Mulhouse (2,6% en moyenne), Eva Joly réalise ses meilleurs scores dans le canton de Mulhouse-Sud (2,7%) plutôt résidentiel à l’opposé du canton Nord (1,9%). La véritable caractéristique d’implantation du vote écologiste réside dans la majoration de son influence dans une vaste zone centrale, à cheval sur les deux départements, du canton de Barr (3,4%) à celui de Guebwiller (3,2%), le long du piémont et dans les vallées vosgiennes de Villé (canton 4,3%), Lapoutroie (4,9%) et Munster (3,6%). On retrouve également un point d’appui de ce vote au sud dans le Sundgau, à un degré moindre il est vrai. Cette géographie du vote écologiste rend compte d’une diffusion de cette sensibilité en zone rurale dense de manière relativement constante et contredit en Alsace l’idée d’un vote qui serait surtout celui de bourgeois-bohèmes urbains  dénommés « bobos ». 

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 1er tour François HOLLANDE

Le vote pour François Hollande rejoint les caractéristiques géographiques usuelles du vote de gauche en Alsace en 2012. Les plus forts scores sont remarquablement concentrés sur les villes, Strasbourg (32 ,1% des suffrages au 1er tour contre 19,3% en moyenne régionale) et Mulhouse ( 30,8%) où le socialisme a une présence ancienne et constante, mais aussi, dans une moindre mesure, sur Colmar (24%). Dans le cas de Strasbourg, cette présence est diffuse sur l’ensemble de la ville avec un surcroît de voix dans les cantons de Hautepierre-Cronenbourg (41,1%), Gare (34,7%) et Esplanade-Krutenau (34,2%). Schiltigheim se rattache par son score (30,7%) aux cantons intra-strasbourgeois contrairement à Illkirch-Graffenstaden au sud (23,6%). À Mulhouse, François Hollande majore le pourcentage de ses voix dans les cantons Nord (36%) et Ouest (33,2%) par opposition au canton Est (26,3%) et Sud (21,4%). Une vaste zone de cantons avec des pourcentages légèrement supérieurs à la moyenne régionale du vote s’étend d’Ensisheim à Guebwiller, Masevaux et Habsheim, englobant le fief de toujours, le Bassin Potassique. On retrouve un arc de même intensité de vote dans le sud du Bas-Rhin, de Mundolsheim à Schirmeck jusqu’à Sélestat. L’influence est nettement inférieure dans les zones de l’extrême nord et de l’extrême sud de la région.  François Hollande n’enregistre  à Sarre-Union que 11,7% des suffrages et 9% à Ferrette. 

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 1er tour Jean-Luc MÉLENCHON

La carte du vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon (7,3% des suffrages en moyenne régionale) frappe essentiellement par ses proximités avec celle de François Hollande. Tout au plus note-t-on quelques accentuations du vote dans les cantons de Guebwiller et Cernay au Sud mais aussi de Sainte-Marie-aux Mines et Lapoutroie ainsi que sur le canton Nord de Mulhouse. À Strasbourg, il majore ses scores sur les cantons de Hautepierre-Cronenbourg (12,8%) Gare-Finckwiller (15,2%) et Esplanade-Krutenau (13,8%). Au nord de Strasbourg les votes sont très faibles, un peu moins faibles sur le canton de Saverne (6,7%) où comme pour François Hollande, le résultat en sa faveur est légèrement supérieur à celui des cantons environnants. Par la géographie, le vote pour Mélenchon s’inscrit clairement dans les zones d’influence de la gauche. 

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 1er tour ABSTENTION

La carte de l’abstention reste dans l’ensemble plutôt difficile à interpréter d’un point de vue politologique. À première vue, elle est davantage concentrée dans les trois villes les plus importantes de la région, en particulier sur Strasbourg (23,8% d’abstention contre 20,3% en moyenne régionale) et Mulhouse (30,1%). À Strasbourg, elle est plus élevée dans le quartier du Neuhof (29%), là où le vote lepéniste a reculé. Mais elle est diffuse dans de larges zones qui correspondent aussi dans le nord aux zones d’influence de ce même vote frontiste et dans le sud à la vaste zone d’influence de la gauche au nord de Mulhouse. Elle est de manière très contrastée très faible dans le canton de Seltz (17%) et élevée dans celui de Wissembourg (22%). Un contraste similaire existe entre le canton de Ferrette (17,3%) et celui de Huningue (22,3%). La forte ouverture de Wissembourg et Huningue vers les régions étrangères voisines suffit-elle à expliquer cette élévation du taux d’abstention ? On peut observer que le taux d’abstention alsacien (20,3%) est plus élevé à cette élection présidentielle 2012 qu’en moyenne nationale (19,6%). Il est fréquent que ce soit le cas à d’autres élections et l’Alsace a une certaine réputation d’abstentionnisme : même abstention qu’au niveau national aux législatives de 2007 (44,1%) mais 40% aux législatives de 2002 contre 35,6% au niveau nationale par exemple. Mais ceci n’a pas été vrai aux élections présidentielles. Le taux alsacien a longtemps été plus faible qu’au niveau national : 14,3% contre 15,8% en 1974, 14,6% contre 18,9% en 1981 26,1% contre 28,4% en 2002. En 2007 pour la première fois, la tendance s’est inversée. Le taux d’abstention alsacien à cette présidentielle est devenu plus important qu’au niveau national : 17% contre 15,2%. Cette tendance s’est confirmée à cette élection de 2012, sans que toutefois l’écart s’accentue.

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 2e tour Nicolas SARKOZY

La carte des votes de deuxième tour par canton confirme pour l’essentiel les tendances structurelles du vote pour Nicolas Sarkozy du premier tour, avec des nuances toutefois. Dans ce vote majoritaire dans la région au deuxième tour, on observe que la zone périurbaine strasbourgeoise de forte implantation du vote en sa faveur au premier tour s’inscrit dans des classes de vote de niveau inférieur, sauf sur Rosheim et Wasselonne. Par contre, le niveau du vote Sarkozy se renforce dans les cantons de Bischwiller et Haguenau ainsi que dans l’Outre-Forêt, dans ceux de Woerth et de Soultz-sous-Forêt. L’accentuation du vote en faveur de Nicolas Sarkozy est également remarquable dans les cantons de l’Alsace Bossue, Sarre-Union et la Petite-Pierre en particulier. 

Élections présidentielles 2012 en Alsace – 2e tour François HOLLANDE

Dans le cas de François Hollande, la concentration de scores élevés dans l’ensemble de la ville de Strasbourg mais aussi dans les cantons de Bischheim, Schiltigheim et Illkirch-Graffenstaden qui constituent à ce deuxième tour un ensemble électoralement homogène avec les autres cantons de la ville, a été confirmée. Une variation par rapport au premier tour est la forte accentuation des votes en sa faveur dans les cantons vosgiens de Schirmeck, Saales et Sainte-Marie-aux-Mines qui avaient notamment des scores élevés pour Marine Le Pen au premier tour.