icon_facebookicon_google-plusicon_pinteresticon_twitterlogo_ukoo

Les élections européennes du 25 mai 2014 en Alsace

Caractéristiques

Auteur et institut Richard Kleinschmager, Université de Strasbourg
Périodes Époque contemporaine
Thèmes Élections et partis politiques
CartographeJean-Philippe Droux, CNRS (ARCHIMEDE)
EchelleAlsace
Date de création2014
Date de dernière modification2014
SourceCarte originale
Comment citer cette sourceRichard Kleinschmager, « Les élections européennes du 25 mai 2014 en Alsace », in Atlas historique d'Alsace, www.atlas.historique.alsace.uha.fr, Université de Haute Alsace, 2014

Notice de la carte

Les élections européennes du 25 mai 2014 en Alsace

Le vote pour la liste « Front National » par commune en Alsace

Le FN a suscité un véritable séisme à l’occasion des élections européennes en devenant le premier parti de France avec 25,4% des voix sur la France entière. L’Alsace a longtemps fait figure de terre d’élection du Front National. Aux élections présidentielles de 1995, Jean-Marie Le Pen obtenait son meilleur score régional avec déjà également 25,4% des suffrages. À cette élection européenne de 2014, le Front National totalise 27,2% des suffrages, un score supérieur à la moyenne nationale mais inférieur à celui réalisé dans d’autres régions, le Nord-Pas-de-Calais (35,1%), Provence-Côte d’Azur (32,2%) Languedoc-Roussillon (31,5%) la Haute-Normandie (31,2%), Champagne-Ardenne (31,3%) ou la Lorraine voisine (30,5%).

Sa présence est plus marquée dans le Haut-Rhin avec 30% des suffrages que dans le Bas-Rhin avec 25,3%. La distribution interne des votes à l’échelle communale permet de repérer une structuration géographique spécifique. En général, ce vote est un vote des zones situées en périphérie du développement et de la prospérité régionales, souvent des zones où l’activité industrielle a fortement décliné au cours des décennies précédentes. Sa présence marquée dans le Ried Nord à hauteur de Bischwiller ou autour de Niederbronn-les-Bains, dans les vallées vosgiennes de la Bruche, de Sainte-Marie-aux-Mines mais aussi plus au sud de Saint-Amarin, de Masevaux et de Thann participent de cette caractéristique. Certaines zones périphériques, le Sundgau et le Jura alsacien au sud comme l’Alsace Bossue à l’extrême-nord-ouest sont des terres de présence au long cours du Front National. Elles paraissent presque relever de ce que le politologue de l'entre-deux guerres, André Siegfried qualifiait de tempérament régional. Plus singulier dans ces européennes de 2014 est l’accentuation du vote en faveur du Front National sur une longue zone bordière du Rhin englobant le Ried sud et la Hardt et marquée par des scores communaux systématiquement supérieurs à 30% des suffrages. 

Toutefois, la frontière ne paraît pas jouer un rôle décisif et homogène dans la géographie du vote : à la pointe nord-est de la région, à la jonction avec le Pays de Bade et le Palatinat et à l’extrême sud, à proximité de Bâle et de Lörrach, soit autant de zones où le travail frontalier est intense, les résultats communaux supérieurs à 30% de vote Front National sont exceptionnels. Ceci laisse à penser que le niveau de revenu important de ces communes tempère la propension au vote pour le FN.

La carte communale fait aussi ressortir avec force les zones de résistance au vote Front National. Strasbourg et ses communes périphériques, en particulier le riche Kochersberg sont marquées par des scores communaux fréquemment inférieurs à 25% de vote. La seconde zone de résistance est constituée d’un sillon nord/sud de communes du piémont vosgien et de communes proches de la plaine avec les mêmes faibles intensités de vote en faveur du Front National. Ce sillon se délite au sud de Colmar et les communes voient leur adhésion au Front National s’accentuer à mesure que l’on pénètre le bassin potassique.

Le vote pour le Front National reste plus accentué qu’en moyenne nationale en Alsace mais la région laisse désormais les premières places à d’autres. La structuration géographique interne du vote reste dans les grandes orientations antérieures du vote : vote des périphéries en déclin économique et social avec deux zones de singularité d’adhésion, l’Alsace Bossue et le Sundgau qui partagent le fait d’avoir été des fiefs du gaullisme au détour des années soixante. 

Le vote pour la liste « Union pour un Mouvement Populaire » par commune en Alsace

Avec 20,8% des suffrages exprimés lors de ces élections européennes 2014, la liste « Union pour un Mouvement Populaire » (UMP) s’est située, au plan national, au deuxième rang après le Front National. Son score est nettement plus élevé en Alsace puisque l’UMP y totalise 24,3% des suffrages et se situe à moins de trois points du Front National. Les zones de forte présence sont l’extrême-nord-est, entre Wissembourg et Seltz et une zone du cœur du Bas-Rhin de Hochfelden à Rosheim. Sa présence est également forte, supérieure à 25% dans un vaste quadrilatère central délimité par le vignoble et le piémont, de Barr à Soultz-Haut-Rhin d’un côté et la bordure frontalière de l’autre côté, le long du Rhin, de Marckolsheim à Illzach. Au sud, une poche d’adhésion forte est constituée par la zone proche de la frontière helvétique structurée par Altkirch, Sierentz, Huningue, Ferrette et Hirsingue. Compte tenu de la faiblesse du PS dans cette poche, il n’est pas rare d’y enregistrer des communes qui se caractérisent à la fois par un fort vote UMP et un fort vote FN. On enregistre une situation similaire de forte co-présence de l’UMP et du FN en Alsace Bossue, alors que dans les vallées vosgiennes et la vaste zone péri mulhousienne marquées par des développements industriels importants, l’UMP est nettement moins présente et concède le terrain au FN. 

L’implantation de l’UMP à l’occasion des ces européennes 2014 recoupe en bonne part les zones d’implantation traditionnelles de la « majorité alsacienne » du temps où elle était constituée de l’alliance des formations gaullistes comme le RPR et centriste comme l’UDF, à ceci prés qu’à l’occasion d’élections du type des européennes, elle ne parvient plus guère à asseoir son influence dans les deux grandes villes de Mulhouse et Strasbourg. 

Le vote  pour la liste « Union de la gauche » par commune en Alsace

Alors que le PS occupe une position dominante dans la vie politique du début de la deuxième décennie du siècle, suite à sa victoire aux élections présidentielles et législatives, avec la majorité au Sénat, dans une majorité de départements  et dans tous les Conseils régionaux sauf en Alsace, ces élections européennes 2014 apparaissent comme une sanction sévère. Avec 14% des suffrages exprimés au plan national, la liste parrainée par le PS se situe à plus de dix points derrière le FN et prés de sept points derrière l'UMP. À mi-mandat présidentiel ce résultat fait suite en l'accentuant au premier avertissement qu'avaient constitué les municipales où le PS avait perdu prés de cent cinquante villes. En Alsace, le PS totalise plus de deux points de moins qu'au niveau national avec 11,7% des suffrages soit deux points de moins qu'en 2009 (14,6%) et huit points de moins qu'aux présidentielles de 2012 (19,3%). 

La géographie de son vote révèle, plus que celui des autres formations, une concentration dans quelques bastions. Un premier bloc homogène est constitué par le vote strasbourgeois où Roland Ries, maire sortant PS a conservé son siège aux municipales de mars 2014 face à l'UMP Fabienne Keller. Une seconde concentration est celle opérée dans la proximité de Mulhouse, en particulier vers le nord, de la cité du Bolwerk à Guebwiller. De plus petites zones de vote majoré en faveur du PS apparaissent par ailleurs sur Colmar et alentour avec Ingersheim, Turckheim, Wintzenheim et Horbourg-Wihr mais aussi sur un bloc de communes au nord-est du Bas-Rhin entre Wingen sur Moder et Saint Jean de Saverne, ainsi que de manière plus éparse de Offwiller à Wissembourg. Plus au sud dans la vallée de la Bruche, autour de Schirmeck, plusieurs communes dont La Broque, Barembach, Natzwiller, Neuwiller-la-Roche, mais aussi Plaine et Saales donnent au PS des pourcentages de plus forts taux.  

Le vote en faveur du PS est davantage concentré que celui de l’UMP ou des Verts qui est plus diffus. Cette concentration s’opère sur les principales villes de la région et leur périphérie, Strasbourg en particulier. Quelques concentrations, moins importantes caractérisent des zones d’ancienne industrialisation où le vote ouvrier a, pour une part certes décroissante, conservé un certain attachement à la gauche. 

Le vote pour la liste « Europe écologie – Les verts » par commune en Alsace

Les élections européennes du printemps 2014 ont été moins favorables pour les Verts que celles de 2009. Au plan national, ils ont réalisé prés de la moitié du score obtenu cinq ans plus tôt: 8,9% des voix contre 16,3%. Le nombre de leurs représentants au Parlement européen est ainsi passé de 14 à 6 membres. Une des caractéristiques marquantes du vote écologiste en Alsace à cette élection européenne 2014, est qu’il inférieur aux résultats nationaux de cette sensibilité, de peu il est vrai avec 8,4% des suffrages contre 8,9%. Ce résultat est en fort décalage à la baisse par rapport à 2009. À cette élection en effet les écologistes étaient représentés par deux listes. Celle d’Europe écologie les Verts conduite par Sandrine Bélier avait totalisé 16,9% des voix dans la région alors qu’à cette élection de 2009 Antoine Waechter pilotait la liste de l’Alliance écologiste indépendante (AEI) dans l’Est de la France et avait totalisé 5,8% des suffrages. La présence de ce dernier au deuxième rang de la liste EE-LV en 2014 rend d’autant plus marquant le déclin d’influence.

La distribution géographique du vote écologiste a quelques proximités avec le vote PS comme la forte présence sur Strasbourg et quelques communes proches sur une étendue moindre toutefois, une certaine présence majorée dans une zone comprise entre Ingwiller et Saverne,   ainsi que plus au nord, à proximité de Wissembourg, Lembach et Obersteinbach. Le vote écologiste est toutefois nettement plus diffus que le vote PS ou le vote Front National. Il se différencie particulièrement de ce dernier. C’est un vote d’un vaste sillon central de la région avec de fortes présences dans des communes rurales de Molsheim à Wattwiller. Au sud, le Sundgau apparaît également comme une zone où la densité des forts votes communaux en faveur des écologistes est caractéristique. Cette propension oppose le Sundgau à l’Alsace Bossue qui apparaît comme particulièrement peu favorable  au vote écologiste.

La baisse globale de l’audience des écologistes à cette élection européenne n’a pas infléchi les caractéristiques géographiques de ce vote singulièrement diffus avec une présence marquée dans un vaste sillon central infléchi vers le sud de la région.

Fichier à télécharger